Dojo - Salle polyvalente

(2001)

Artenay



La Beauce est une vaste plaine fertile, riche région agricole, paysage analogue que d’aucuns qualifieraient de monotone –ce n’est pas mon avis- où les cieux sont fort grands et le regard se perd, à perte de vue. Cela faisait dire à José Cardona, pourtant originaire de Minorque, Maire et maître d’ouvrage à l’époque du projet, qu’il se languissait de la Beauce après deux semaines d’absence quand par hasard il revenait à sa Minorque d’origine. La route nord-sud de Paris à Orléans est ainsi ponctuée de petits bourgs où se trouvaient les relais de poste. Artenay est un ces bourgs situé à une vingtaine de kilomètres au nord d’Orléans, sur l’ ancienne route du sud –ou du nord, c’est selon, je préfère pour ma part la prendre dans le premier sens- devenue plus tard la fameuse N20, route mythique des congés payés .

De par ses dispositions urbaines, architecturales et constructives, le bâtiment du dojo d’Artenay s’inspire en partie de l’architecture vernaculaire locale. Sa situation en rive de bourg est trop rare pour qu’on n’y prenne pas garde, car le rapport entre le bourg et les champs qui l’entourent etant encore à ce jour net. L’orientation du vaisseau du dojo reprend ensuite celle des granges, le plus souvent disposées perpendiculairement à la direction principale des voies nord-sud, ce qui donne lieu à une orientation est-ouest, direction des vents dominants d’ouest « bout au vent »en quelque sorte. Les Dispositions constructives sont enfin les suivantes : la structure en bois du dojo s’inspire directement de celle d’une des granges de la ferme du Paradis, où se trouve le musée du Théâtre forain, construit entre 1986 et 1994 de concert avec Benoît Crépet, avec le même maître d’ouvrage José Cardona. Cette structure se compose exclusivement de pièces de bois horizontales et verticales, hormis les pièces correspondant aux pentes de la toiture, caractéristique partagée avec certaines ossatures des maisons en bois japonaises, qui constituent une autre source architecturale du projet, du fait à la fois du programme comme du matériau retenu pour la structure.

L’ossature en bois du bâtiment dessine les principaux espaces du dojo, notamment l’aire de combat, ainsi écrite par le dessin de la structure qui offre en son centre une élévation propre à ne pas peser spatialement sur elle. L’ossature a été travaillée de concert avec Jacques Anglade, ingénieur bois et fin connaisseur de l’architecture orientale. Elle est constituée à partir d’une seule et unique section de bois, 18x18cm, quels que soient les rôles ou situations des éléments de la structure. Cela est rendu possible par le recours à la technique des pièces de bois évidées en leur centre, ici encore caractéristiques de l’orient, et qui permet au bois de ne pas jouer –c’est le cœur qui fait se tordre le bois- mais aussi d’intégrer ponctuellement les tirants requis pour l’équilibre structurel . A l’endroit du pignon ouest, particulièrement exposé aux vents dominants, certains des éléments structurels sont doublés, ce qui donne 18x36 cm, dans le sens perpendiculaire à la façade, meilleur structurellement, et qui plus est visuellement, car c’est le 18cm qui est ainsi perçu. La structure est en pin d’Oregon, du fait que ce bois est compatible avec une utilisation pour les menuiseries extérieures, construites ici dans le même matériau par souci d’unité. Les parties opaques du bâtiment sont ici constituées de panneaux « Viroc », panneaux à base de bois imprégnés de ciment, posés à sec, précisément calepinés, fréquemment utilisés pour les hangars agricoles. L’ossature est posée sur une base maçonnée en béton qui intègre au toutes les sujétions de passage des réseaux : plancher chauffant à basse température, caniveau périphérique intégrant des corps de chauffe d’appoint. Le Dojo s’organise principalement de plain pied, notamment avec le petit jardin enclos situé au sud. Une large menuiserie coulissante est à cet égard disposée sur la façade sud, afin de pouvoir pratiquer les arts dits martiaux dedans comme dehors, quand le temps le permet. Le volume du dojo a suscité une utilisation partielle des combles, au dessus d’une première salle de réunion située au rez de chaussée. Une deuxième salle de réunion se trouve ainsi disposée à l’étage, accident proposé en cours de chantier, qui génère ainsi une variation sur la face est.
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