76 logements

(2005-2010)

ZAC Dauphinot, Reims


Le projet s’inscrit dans le cadre de la reconquête de friches industrielles des sites « Saprime » et « Remafer » situés dans la partie nord-est de Reims. Le plan général du quartier Dauphinot s’est dans un premier temps structuré autour de deux directions principales plus ou moins radioconcentriques. L’une d’elles, de nature centripète, dirige les regards vers le Mont Berru, proéminence située à 265m d’altitude, à 6km du terrain d’assiette à l’est de Reims. L’autre direction, centrifuge, offre quant à elle l’opportunité unique de mettre le nouveau quartier en rapport visuel avec le coeur de Reims, en particulier sa cathédrale, située à 2km à l’ouest et dont la flèche culmine à 165mètres. L’opération des 76 logements est précisément située à la croisée des deux directions du Mont Berru et de la cathédrale.

La politique de l’effort Rémois en matière d’habitat a favorisé de longue date l’innovation typologique d’une part, le recours à de grands logements d’autre part, tout cela dans l’idée de stabiliser l’occupation des habitants. L’attitude du maître d’ouvrage, clairement à contre courant des pratiques courantes en la matière, a ici permis d’expérimenter des typologies inédites. Trois types d’habitat ont ainsi été développés à l’occasion de ce projet, précisément définis à partir de leur situation et rôle vis-à-vis du paysage alentour : les maisons à cour, les maisons superposées et les logements collectifs de la pointe.

-Maisons à cour (10)

Les maisons à cour bordent les voies de desserte, voies transversales organisées à la manière de cernes de croissance, peu ou prou perpendiculaires aux directions évoquées. Une petite cour privative, dont les dimensions (4,5m x 5,30m) permettent le garage d’un véhicule, introduit à la maison, dont on longe la cuisine après avoir franchi la grille pour atteindre la porte d’entrée située à l’angle du « L ». Le corps principal de la maison (R+1) est tenu à distance de la voie par la cour et le retour en rez-de-chaussée qui forme ainsi un «L», tourné vers le sud, de sorte que toutes les maisons sont orientées au sud-est ou au sud-ouest, la cuisine bénéficiant dans tous les cas de figure d’une face sud. Outre l’escalier et un sanitaire, l’entrée dessert la cuisine en retour dont les14 m2 permettent d’y prendre le repas, et un séjour de 30,50m2, orienté à l’est ou à l’ouest selon les cas de figure, donnant sur un jardin arrière privatif en pleine terre de 46,50m2, situé en cœur d’îlot. Le cloisonnement du rez-de-chaussée permet, sans nuire à l’intimité de la maison, de se passer de porte entre cuisine, entrée et séjour, de sorte que l’on perçoit aisément le caractère traversant des maisons à cour. Le 1er étage organise 3 chambres, une pièce d’eau, un sanitaire et une terrasse accessible de 15m2, située au dessus du volume de la cuisine. La surface des maisons de 4 pièces en R+1 est de 96,70m2. Deux exceptions en R+2 (5 pièces) s’adossent avec les maisons superposées du nord de l’îlot. La maison à cour de l’îlot5 est quant à elle tout à fait différente.

- Maisons superposées (48)

Les maisons superposées sont disposées le long des directions principales. Comme leur nom l’indique, elles superposent 2 maisons de 2 niveaux chacune, ce qui donne un gabarit de R+3. Elles offrent à chacune une entrée privative directe depuis l’espace public, de même qu’un accès privatif direct depuis la place de parking. La coupe met en évidence l’organisation : La maison basse s’organise sur les deux premiers niveaux ; le Rdc, surélevé de 6 marches afin de préserver l’intimité vis-à-vis de la rue, contient le séjour, la cuisine, une terrasse ou un jardin privatif vers le cœur de l’îlot. Le 1er étage dessert les chambres. La maison haute, posée sur la maison basse, est introduite par le niveau des chambres en R+2, de sorte que le séjour de l’une des maisons ne soit pas contiguë des chambres de l’autre. On trouve en R+ 3 le séjour, la cuisine et une terrasse orientée au sud. Ces terrasses offrent des « pièces » extérieures de 12 m2 pour les plus petites, 20, 30, 40, et jusqu’à 70m2 pour les plus grandes. Les surfaces des maisons superposées varient de 90 à 107m2 pour un 4 pièces, 130, 140, jusqu’à 159m2 pour les plus grands logements (5 ou 6pièces). Le grand nombre d’exceptions est ici généré par la géométrie particulière des îlots. Les maisons superposées sont traversantes nord-sud. Quatorze d’entre elles bénéficient d’une troisième orientation à l’est ou à l’ouest.

-Logements collectifs de la pointe (18)

Le traitement de la pointe ouest de l’îlot 5 se base sur le principe du « dédoublement », de sorte que la pointe ne soit pas divisée en 2 logements susceptibles de se nuire l’un l’autre, mais plutôt dédoublée en deux corps de bâtiment distincts, dont la séparation ouvre un vide qui fait office de cour de distribution accessible depuis la rue et dessert 2 noyaux de distribution verticale. Les logements collectifs sont traversants nord-sud; le tiers d’entre eux bénéficiant de 3, voire 4 orientations. Les prolongements extérieurs des logements sont aussi traités comme des « pièces »extérieures abritées, orientées au sud, dont les proportions permettent d’y mettre une table. Les logements de la pointe s’organisent selon une enfilade visuelle depuis l’entrée, sans porte, de sorte que l’on puisse en percevoir la plus grande longueur ( 22 mètres)et au-delà, l’orientation offrant aux logements supérieurs la vue des coteaux de l’ouest et de la cathédrale. La position stratégique de la pointe donne l’occasion de multiples retournements vers l’est au travers des cœurs d’îlot, l’échelle basse des maisons à cour permettant à cet égard de percevoir l’horizon des coteaux vers le Mont Berru.

Expression
La fenêtre constitue aujourd’hui encore une source inépuisable d’architecture, pour peu que l’on y prête attention : vocabulaire constructif de l’appui, du linteau, de l’embrasure, du pied droit, sans parler des phénomènes de ruissellement et rejaillissement de l’eau, comme de tous les gestes du théâtre quotidien de la vie : entrer, se mettre à la fenêtre, ouvrir, jeter un œil, entrevoir …Le travail architectural se fonde ici sur l’attention à des gestes aussi simples que fondamentaux : S’il est vrai que « les yeux sont les fenêtres de l’âme » (G. Rodenbach), posons à l’instar des dessins enfantins que les fenêtres sont les yeux des maisons.

Les croquis ci-dessus explicitent le travail effectué sur la baie, partant des linteaux et appuis en béton qui dressent le nu des enduits au même titre que les tableaux et retours en pierre. Ce travail se conjugue à un principe de menuiseries qui fait strictement coïncider clair de vitrage et clair de maçonnerie, détail qui permet de neutraliser la lourdeur visuelle des profils de menuiserie actuels, qui tient à leur efficience sur le plan thermique. Les principaux cas de figure sont ici rassemblés sur deux planches de croquis qui visent à illustrer les principes généraux et les variations possibles à partir d’un thème par retournement, inversion, encadrement plus ou moins complet ou symétrique, association de baies entre elles etc. Ces croquis ont été réalisés pour des raisons d’ordre pédagogique, d’autant que nous n’avons pas eu de mission de suivi de chantier pour cette opération, et c’est le seul regret –mais il est de taille- que nous ayons à formuler vis-à-vis d’une maîtrise d’ouvrage (Effort Rémois) par ailleurs atypique et innovante.

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